Les Templiers en Touraine
La ville de Chinon n'a rien conservé de sa commanderie, ni du moulin de la chapelle Saint-Léonard, qui en dépendait. Chinon occupe néanmoins une place à part dans l'histoire des Templiers grâce à son château (formé de trois forteresses séparées) qui domine la ville.
En 1308, le pape Clément V, qui n'a pas encore abandonné les Templiers, demande à rencontrer les dignitaires de l'Ordre à Poitiers. Un convoi quitte Paris et, le 17 août, s'arrête à Chinon. Jacques de Molay, Hugues de Payraud, Geoffroy de Gonneville et tous les autres sont emprisonnés au fort du Coudray... pour plusieurs années, interrogés et torturés. Molay avouera, puis se rétractera. Pendant leur détention, ils couvrent les murs de leur cellule de dessins et de mots, certains étant signés de la main même du chef de l'Ordre. Croix, instruments de la passion, outils, coeur rayonnant, triple enceinte, quadrillage, etc., on a tout fait dire à ces humbles dessins secrets initiatiques pour Louis Charpentier et Paul Lecour, horloge cosmique pour Eugène Canseliet, message gnostique, clefs du trésor, etc. La tradition affirme même que Jeanne d'Arc, avant de reconnaître le Dauphin, avait passé la nuit dans ce cabinet.
Rappelons tout de même que certains dessins sont postérieurs aux Templiers. Si leur signification demeure un mystère, il n'en reste pas moins un témoignage émouvant.
La principale commanderie de la région n'était pas Chinon, mais L'Île-Bouchard. S'il existe, sur la commune de L'Île-Bouchard, un château du Temple (moderne), la commanderie, elle, s'élevait sur la commune de Brizay. Au lieu-dit "La Commanderie", il n'en reste que des caves et des souterrains, où l'on a voulu voir le lieu de réunions initiatiques.
Entre Chinon et L'Île-Bouchard, se trouvait une troisième commanderie, à Rivière. Tout autour, les possessions étaient nombreuses Savigny, Lerné, Seuilly, La Roche-Clermont, Marçay, Assay, Champigny, Chaveignes, Braye (commanderie), Razines, Braslou, Courcoué, La Tour-Saint-Gelin, Parçay, Crouzilles, Tavant, Trogues, Panzoult, Sazilly, Gravant. À Theneuil, se trouve un château (moderne) du Temple.
En remontant le cours de la Vienne, on rencontrait la commanderie de Nouâtre, et son moulin situé au lieu-dit "Le Temple". Elle avait un autre moulin, l'Hôpiteau, à Balesmes (commune de Descartes), et des biens à Draché. Toujours en amont, sur la commune de Barrou, la commanderie de l'Épinat montre des bâtiments conventuels du 17e siècle et les ruines de sa chapelle du Preuilly. Elle avait des biens à Bossay.
Dans la banlieue ouest de Tours, au lieu-dit "La Commanderie", un manoir Renaissance indique l'emplacement de la grande commanderie de Ballan-Miré, fondée en juin 1219.
Si la trace des Hospitaliers est encore très visible (cheminées, plafonds, blasons), les Templiers ne nous ont laissé que quelques murs, le grand arc ogival de la chapelle et de nombreux souterrains qui s'étendent vers Savonnières et Villandry, où serait caché un trésor, sous la forme d'une chèvre d'or. Une cave de Savonnières comporterait des graffiti étranges. Selon la tradition, le jour de leur arrestation, tous les Templiers de Ballan-Miré seraient parvenus à s'enfuir, à l'exception d'un frère servant
A Villandry, les Templiers possédaient l'importante maison de Varennes-le-Temple. Une autre maison se trouvait à Langeais. On les retrouve à Azay-le-Rideau et à la Chapelle-Saint-Blaise. Dépendant de Ballan-Miré, les implantations templières de Tours étaient nombreuses maison de l'Hôpiteau et du Temple (probablement sise à l'emplacement du cloître de l'abbaye Saint-Martin), et commanderie de Saint-Cyr-sur-Loire.
C'est à Tours, en mai 1308, que Philippe le Bel réunit les états pour décider de la mise en condamnation de l'ordre du Temple.
Au nord de Tours, on découvre deux commanderies Saint-Jean-de-la-Lande, à Semblançay, et le Gast, à Sonzay. Cette dernière, qui existait en 1270, a conservé des vestiges de sa chapelle.
Amboise fut une importante commanderie de l'ordre du Temple, créée en 1219. Elle était située dans le faubourg de Saint-Denis-Hors. On y trouve encore le hameau de la Commanderie, la rue des Templiers et la rue de la Commanderie. Il n'en subsiste qu'une cave voûtée. Elle avait pour dépendances la maison des Auberdières et le moulin du Temple.
À l'ouest, Amboise s'appuyait sur deux commanderies : Lussault-sur-Loire et Noizay. Amboise avait des possessions à Saint-Martin-le-Beau, Nazelles-Négron, Reugny, Dierre, Bléré, La Croix-en-Touraine, Luzillé, Civray-de-Touraine et Chenonceaux, au lieu-dit "Le Temple".
La commanderie templière du Fretay, fondée en 1199 par Geoffroy de la Celle, se trouvait hors les murs, au sud de la cité de Loches. Elle avait rang de baylie. Si le manoir de la commanderie ne date que du 18e siècle, il a néanmoins conservé sa chapelle et son porche d'entrée. Dans la banlieue est de la ville, à Beaulieu-lès-Loches, on peut voir les restes importants de la maison fortifiée des Templiers. Légèrement au nord-ouest, sur le plateau de Sainte-Maure, un lieu-dit "Le Temple" rappelle l'existence de la petite commanderie de Dolus-le-Sec. Les Templiers avaient, en outre, des biens à Manthelan.
Autour du Fretay, on trouve trois autres commanderies: l'Aulnay, sur la commune de Ciran (fondée en 1292 sur des terres que les Templiers possédaient depuis 1199), Saint-Jean (commune de Saint-Jean-Saint-Germain), dont il reste l'église, et la Chastre-aux-Grolles (commune de Verneuil-sur-Indre), la plus importante des trois, puisque jumelle du Fretay. Fondée en 1247, elle conserve des vestiges de ses bâtiments et de sa chapelle. Le Fretay avait des possessions à Varennes, Vou et Esves-le-Moutier..